Les océans : des ressources précieuses qu’il est urgent de protéger

Les océans et la vie marine sont essentiels au bon fonctionnement de la planète bleue dont dépend notre survie. L’eau recouvre 72% de la surface du globe dont 97,5% représente les océans. Si cette immensité d’eau salée est, depuis la création de la planète Terre, omniprésente sur notre planète, c’est quelle doit avoir une mission très importante. D’ailleurs, les premières formes de vie sont apparues dans l’océan il y a 3,8 milliards d’année et, bien que l’eau salée soit inutilisable pour notre quotidien, l’océan est essentiel aux activités humaines. Il est également le principal réservoir de la biodiversité et constitue 90% de l’espace habitable sur la planète abritant plus de 250 000 espèces connues (et encore bien d’autres à découvrir).
Nous allons dans cet article, identifier les différents rôles des océans et les rapports que nous entretenons avec eux.  Nous verrons comment paradoxalement nos activités humaines les menacent et les fragilisent.   

On connait l’océan comme principal puits de carbone de la planète. Mais on oublie parfois l’entièreté de ses bienfaits. Alors, quels sont ses différents rôles ? Comment fonctionnent-ils ? Pourquoi et comment sont ils menacés par les activités humaines ? Décryptage.

Les océans : des régulateurs menacés par le dérèglement climatique
1) Les océans et les courants marins
Les océans emmagasinent l’énergie solaire sous forme de chaleur. Contrairement à l’atmosphère ou aux continents, ils conservent la chaleur du soleil plus longtemps et la redistribue selon un cycle de mouvements.
Les régions équatoriales sont celles qui reçoivent le plus de chaleur. La circulation océanique naturelle se met en place et  transporte cette chaleur de l’équateur vers les pôles. En arrivant aux pôles, l’eau se refroidit et devient banquise. Le sel ne passant pas dans la glace, l’eau liquide est plus froide et plus concentrée en sel et donc plus dense. Plus lourde, cette eau plonge au fond de l’océan et repart vers les tropiques ou elle se réchauffe et devient moins dense : c’est ce que l’on appelle la circulation thermohaline puisqu’elle est actionnée par les différences de température et de salinité des eaux. Une des manifestations les plus connues de cette circulation est le Gulf Stream.
C’est grâce à cette immense circulation des eaux, qui agit comme un tapis roulant, que les océans régulent le climat de notre planète : les courants chauds de surface réchauffent le climat de certaines régions tandis que les eaux froides, qui remontent des profondeurs, modèrent la température des eaux équatoriales.

Mais en conséquence du réchauffement de l’atmosphère et de l’océan, les courants océaniques se modifient et influent sur le climat. Cet échauffement et l’arrivée de plus grandes quantités d’eau douce (fonte des glaces) diminuent la densité des eaux de l’Arctique et pourrait ralentir leur plongée, et par la même ralentir toute la circulation mondiale.

2) Les océans et les gaz à effet de serre (GES)
L’impact du CO2, principal GES de serre anthropique, sur le réchauffement climatique n’est plus à prouver. Les océans absorbent environ un quart du CO2 atmosphérique et contribuent donc à réguler le climat en limitant l’effet de serre.
L’absorption du CO2 par les océans s’opère grâce à deux processus. Le processus biologique s’appuie sur la photosynthèse. Les algues microscopiques que l’on appelle phytoplancton absorbent le CO2 atmosphérique et le transforme en dioxygène grâce à la lumière du soleil. Quand le phytoplancton meurt, il se dépose au fond de l’océan apportant avec lui le carbone qui n’intervient plus dans l’effet de serre.
Au-delà de son rôle de puits de carbone, l’océan est le principal « poumon de la planète ». Le phytoplancton nous procure environ 50% de l’oxygène que nous respirons.
Grâce à un processus physique, le CO2 atmosphérique se dissout dans les océans à la surface de contact entre l’air et l’eau (comme le sucre dans le café). Plus il y a du CO2 dans l’atmosphère plus il va se dissoudre dans l’océan. Cette dissolution est favorisée à basse température, dans les eaux froides. L’eau plus froide est plus dense et donc plus lourde et avec les puissants courants marins elle plonge dans les profondeurs apportant avec elle le CO2 qui restera prisonnier des fonds marins. Le réchauffement des eaux impacte donc la quantité de CO2 dans l’atmosphère.
Le réchauffement océanique augmente également le taux d’évaporation à la surface de l’eau ce qui produit plus de vapeur d’eau, puissant GES.

3) Les océans et la dilatation thermique
Un volume d’eau chaude prend plus de place qu’un volume d’eau froide. Le niveau des mers augmente à cause de cette dilatation thermique des océans. Il est accentué par la fonte des glaces continentales (à ne pas confondre avec la fonte de la banquise qui n’a aucun impact sur le niveau de la mer car la banquise flotte sur l’eau) mettant en péril plusieurs millions de personnes et laissant imaginer des énormes déplacements de population.

4) L’albédo de la banquise
Le réchauffement climatique a un impact sur l’albédo de la banquise : Les surfaces blanches réfléchissent davantage l’énergie solaire alors que les surfaces sombres absorbent la chaleur. En fondant, les glaces et la banquise laissent la place à l’océan, surface plus sombre qui renvoie moins d’énergie vers l’espace. Cette absorption de chaleur limite les chances que la banquise se renouvelle et augmente celles que le réchauffement climatique s’accélère. Finalement, la situation produit un système en boucle : l’absorption de la chaleur fait monter les températures, qui accentuent elles-mêmes la fonte des glaces et donc la diminution de leur albédo. C’est ce que l’on appelle la boucle de rétroaction positive de l’albédo sur le climat.

5) L’acidification de l’océan
Ajoutons à cela une autre conséquence, déplorable pour la vie marine : l’acidification des océans. Produit en excès par les activités humaines, le CO2 présent dans l’atmosphère se dissout dans l’eau et forme un acide, appelé acide carbonique, qui modifie l’équilibre chimique de l’eau de mer en rendant son pH moins basique (pH plus bas) et donc plus acide. Cette acidification va empêcher les animaux marins de développer leur coquille et aux organismes calcaires comme les coraux de développer leur squelette calcaire. Les coraux blanchissent et dépérissent. Les coraux ont un rôle essentiel dans l’écosystème marin, ils abritent 25% de la vie marine et sont des barrières naturelles contre les tempêtes protégeant ainsi les littoraux.  

L’océan et les enjeux économiques : Si l’océan était un pays, il serait la 7e puissance économique mondiale !
1) Un gigantesque réservoir d’énergie
Alors que la consommation d’énergie dans le monde ne cesse de croitre et que les sources d’énergie traditionnelles s’amenuisent, le potentiel énergétique renouvelable de l’océan mondial est énorme.
Ces « énergies bleues » sont l’énergie des marées produite grâce aux centrales « marémotrices » qui fonctionnent à la manière des barrages hydroélectriques, l’énergie des vagues qui actionnent des systèmes mécaniques capables de produire de l’électricité, l’énergie des courants marins, comparable à celle du vent et captée grâce à des hydroliennes, l’énergie marine thermique qui grâce aux différences de température produit de la vapeur d’eau transformée en électricité, ou encore l’énergie osmotique  qui exploite, à travers une membrane, le mouvement de l’eau entre une réserve salée et une réserve douce.
Nous pouvons ajouter les éoliennes offshores qui, implantées au large des côtes, utilisent mieux l’énergie du vent pour produire de l’électricité.
L’installation et la présence de ces grandes infrastructures dans l’écosystème marin  peuvent les menacer. Au cours de ses différentes phases de vie, une infrastructure interagit inévitablement avec son environnement et modifie, de fait, certains paramètres environnementaux.

2) La pêche industrielle : arme de destruction massive des océans
C’est une aberration. Alors que la pêche assure une sécurité alimentaire à plusieurs milliards de personnes chaque jour et fait vivre des millions de petits pêcheurs et de pisciculteurs, souvent très pauvres, l’industrie de la pêche est en train d’anéantir cette ressource qui nous est pourtant si précieuse …
Alors que les stocks de poisson connaissent un déclin exponentiel, les industriels développent encore et toujours des innovations destinées à améliorer les rendements halieutiques. Ces nouvelles technologies (GPS, sondeurs, caméras acoustiques…) permettent d’exploiter des zones toujours plus profondes, ravageant des écosystèmes dont l’équilibre est déjà fragile. Le chalutage permet de racler les fonds marins et remonter à la surface tout ce qui s’y trouve, entraînant, selon Greenpeace, en moyenne 30 à 40 % de prises accessoires (pourcentage pouvant être bien plus élevé selon les pratiques de pêche), rejetées par millions en haute mer, sans possibilité de survie. Ceci met en danger des populations de poissons qui, en fin de compte, ne seront même pas destinées à la consommation. Un gaspillage monstrueux qui, bien qu’interdit aujourd’hui, a fait des dégâts probablement irréparables et continue à ce jour à être illicitement perpétré. Cette surpêche nuit au rétablissement du stock de poisson qui finira, un jour, par ne plus se renouveler. Selon les experts environ 90 % des stocks de poissons marins à l’échelle de la planète sont pleinement exploités, surexploités ou épuisés.  

3) Le secteur maritime
Le transport maritime est le mode de transport le plus important pour le transport de marchandises. Le fret maritime représente aujourd’hui 90 % du commerce international de marchandises et emploie plus de 1,3 million de marins de commerce à travers le monde.
Bien que plus économique et moins polluant que le transport routier ou aérien, le transport maritime pose de gros problèmes du point de vue écologique : marées noires, rejets des pétroliers utilisant du fioul, rejet des eaux usées des paquebots de croisière, déballastages sauvages, pollution sonore…
Tout en étant toxique pour la vie marine, les composants du pétrole brut déversé lors de marées noires, sont très difficiles à nettoyer et durent des années dans les sédiments et l’environnement marin.
Les dégazages “sauvages” sont formellement interdits par les lois françaises car ils provoquent de graves pollutions liées aux substances rejetées en mer (hydrocarbures, des métaux lourds, des produits chimiques…).
Les déballastages de navire ont un autre effet négatif sur l’environnement : les eaux rejetées contiennent, en plus des polluants, des espèces exogènes, qui peuvent dégrader voire détruire les écosystèmes marins locaux.
Le transport maritime est également responsable de 3 % des émissions de gaz à effet de serre et de rejet de particules ultras fines.

4) Les océans un enjeu touristique
Le tourisme du littoral pèse quelques centaines de milliards de dollars par an dans le monde. Les eaux colorées et les plages attirent de nombreux touristes : sports nautiques, baignade, plongée…
Le développement rapide et la construction d’infrastructures ont été encouragés par les gouvernements pour répondre à la demande. Ce développement et cette surpopulation ont engendré de graves problèmes d’érosion et de pollution.

5) L’industrie des télécommunications et les biotechnologies marines
On pourrait penser que les océans séparent les continents mais en réalité c’est grâce à eux que nous pouvons communiquer avec l’autre bout du monde. Les câbles sous-marins font passer 99 % des communications !
Les biotechnologies marines, quant à elles, ont un potentiel énorme dans le domaine de la santé, la nutrition, la chimie ou encore les matériaux.

Des conséquences dramatiques
En plus d’avoir des conséquences désastreuses sur ces rôles de régulateur, les activités humaines polluent les milieux marins.
1) L’invasion du plastique
Chaque année, ce sont des millions de tonnes de déchets plastique qui se retrouvent dans les mers et les océans. Une grande partie de ces plastiques sont des microparticules qui sont absorbées par le zooplancton puis par les poissons. Le problème est que le plastique est une éponge à polluants qui va donc empoisonner toute la chaîne alimentaire jusque dans nos assiettes ! D’autre part, les animaux marins peuvent confondre le plastique avec de la nourriture et peuvent s’étouffer ou tomber malade à cause de son accumulation dans leur estomac.

2) La pollution agricole
Pour produire toujours plus, l’agriculture intensive s’est reposée sur le déploiement du procédé Haber-Bosch qui produit des fertilisants agricoles azotés. Les zones mortes (ou zones hypoxiques) côtières s’agrandissent principalement à cause de l’accumulation des nutriments issus des ces fertilisants. La pollution agricole et le déversement des phosphates et des nitrates issus des engrais dans les eaux de ruissellements provoquent une accumulation de matières organiques. Les algues prolifèrent alors et se décomposent ensuite en microbes qui consument l’oxygène, laissant des régions où le taux d’oxygène est au plus bas, provoquent ainsi l’asphyxie de la faune marine.

Conclusion
En somme, les ressources de l’océan et ses bienfaits sont immenses. Les océans permettent aux 7,8 milliards d’humain de vivre et de se développer sur la planète bleue. Mais les océans sont des écosystèmes fragiles que l’Homme et ses activités menacent dangereusement au lieu de, paradoxalement, les protéger.
Aujourd’hui, nous avons davantage conscience des dangers auxquels nous nous exposons si nous ne changeons rien. Cette prise de conscience «  grand public » a été rendue possible grâce aux actions et à la médiatisation de militants, à l’image de la jeune Greta Thunberg. Avec le vent qui se lève, les fortes mobilisations citoyennes et les premières répercussions géopolitiques comme les déplacements de population, les Etats sont contraints de suivre le mouvement et des initiatives pour protéger la planète naissent. A cet égard, en 2015, 195 pays ratifiaient  les accords de Paris, qualifiés d’historique à l’époque. La Cop 21 a abouti à un accord international qui engage une majorité de nations dans un mécanisme collectif de réduction des émissions de GES. Cinq ans plus tard, les engagements ne sont pas tenus. Alors qu’il faudrait diminuer les émissions de GES de 7,6% par an pour rester en dessous de d’1,5 degré d’ici 2030, elles ont au contraire continué à augmenter pour stagner en 2019 et …on s’en réjouit ! Nous sommes loin des efforts consentis lors de la Cop 21…
Si l’Accord de Paris était respecté les océans pourraient continuer à rendre leurs services à la planète.
On peut encore choisir d’agir !
A bon entendeur.

 

 

Sources :

https://www.lefigaro.fr/conjoncture/2018/06/08/20002-20180608ARTFIG00005-les-oceans-cette-ressource-economique-inexploitee-par-la-france.php

https://www.lemonde.fr/planete/article/2016/12/05/les-zones-mortes-se-multiplient-dans-les-oceans_5043712_3244.html#:~:text=Les%20zones%20mortes%2C%20ou%20zones,asphyxie%20de%20la%20faune%20marine.

Surpêche :
https://mrmondialisation.org/peche-industrielle-quand-innovation-rime-avec-destruction/
https://www.dfo-mpo.gc.ca/international/isu-global-fra.htm
Pêche industrielle : https://www.fer-ge.ch/web/fer-ge/-/surpeche-un-drame-ecologique

Le secteur maritime
Transport : https://www.gefco.net/fr/glossaire/definition/transport-maritime-international/

Dégazage et déballastage : Source : http://www.vedura.fr/environnement/pollution/degazage-deballastage

Pollution de l’air transport maritime : https://www.fne.asso.fr/dossiers/linsoutenable-pollution-de-lair-du-transport-maritime-navire-bateaux-croisi%C3%A8res