La publicité lumineuse, une pollution bien visible

Ah, la publicité lumineuse… une publicité made in France ! La première enseigne néon a été inventée par le français Claude Georges en 1910[1], puis elle s’est rapidement exportée aux Etats-Unis. La publicité lumineuse était née. Mais ses formes ont bien évolué depuis les premiers néons incandescents. Aujourd’hui, elle est omniprésente. Impossible de la manquer, lorsqu’on se promène dans la rue : elle s’immisce partout, sans qu’on la remarque, elle s’offre à nous de manière presque inconsciente. Panneaux rétroéclairés, abribus et autres mobiliers urbains, sponsors dans les stades, opérations évènementielles : la publicité lumineuse remplace de plus en plus les grandes affiches publicitaires, pour être toujours mieux vue.

 

            Aujourd’hui, les panneaux digitaux et animés se multiplient. Mais même avant l’arrivée de ces publicités 4.0, les affiches rétro-éclairées brillaient déjà dans la nuit. Sans oublier les enseignes des magasins et leurs vitrines ! Cette pollution lumineuse ne semble pas ralentir. En termes de consommation électrique, le moindre panneau rétroéclairé fait des ravages. Mais, conséquence plus indirecte, la pollution lumineuse perturbe aussi la faune et la flore et met en danger des écosystèmes entiers, surtout lorsqu’elle s’ajoute à la lumière des lampadaires et des routes. Le jour en pleine nuit, forcément, cela a de quoi déstabiliser tout un environnement. Enfin, beaucoup déplorent sa pollution visuelle : n’avez-vous jamais été agacé(e) par une publicité intempestive venant gâcher un beau paysage ou un beau bâtiment ?[2]

 

            Zoomons sur les écrans publicitaires LCD présents dans le métro ou sur les abris-bus récents, mais aussi dans les centres commerciaux, les gares, les aéroports. Il en existe déjà plus de 3000 en France, soit une augmentation de 22% entre 2017 et 2018, augmentation que l’on imagine bien continuer aujourd’hui. Pour un affichage 18 heures par jour, toute l’année, pendant dix ans, leur impact est non négligeable : 245 kilos de CO2 par année d’utilisation. En termes de consommation électrique, ces panneaux auront nécessité, après dix ans d’utilisation, environ 20 477 kWh. Difficile de s’imaginer ce que cela représente ? C’est l’équivalent de la consommation annuelle de quatre ménages français, qu’il faut ensuite multiplier par le nombre total de panneaux installés sur le territoire. Et ici, nous n’étudions que leur impact une fois en activité, auquel il faut ajouter la pollution liée à leur production, leur transport… et leur éventuel recyclage. Bien sûr, plus leur durée de vie sera longue, plus leur impact sera réduit : c’est aujourd’hui le principal défi à relever.

 

            La publicité extérieure et lumineuse est régie par le code de l’environnement, et des mesures sont prises pour limiter son impact. Tout d’abord, la publicité lumineuse est interdite dans les petites villes. Elle doit toujours respecter des normes de luminance, de surface, et surtout d’efficacité des sources lumineuses utilisées. Les enseignes clignotantes sont interdites, sauf pour les pharmacies et services d’urgence. Pour éviter la dégradation des espaces urbains, elle est proscrite sur les bâtiments historiques, dans les sites naturels et classés, et les maires & mairesses peuvent interdire leur présence sur les bâtiments jugés esthétiques, pittoresques. En effet, ces publicités sont souvent contrôlées par un règlement local. Et enfin, depuis l’été 2020, les commerçant(e)s ont pour obligation d’éteindre leurs vitrines et leurs enseignes entre 1h et 6h du matin. Une nouvelle accueillie avec succès auprès des français(e)s… à condition que la règle soit respectée !

 

            Mais les initiatives citoyennes se multiplient pour lutter ensemble contre ces publicités non-désirées. A Lyon, le collectif Plein la Vue multiplie les actions de sensibilisation : pétitions, communiqués, manifestations. Ainsi en novembre 2019, une centaine de membres du collectif et d’autres associations ont recouvert 500 panneaux publicitaires de la métropole. Sur les visuels, on pouvait lire « pas de pub vidéo dans nos rues » : le message est clair. La capitale des gones a encore beaucoup à apprendre, alors même qu’elle détient le record du plus grand espace publicitaire d’Europe, avec les bâches exposées place Bellecour !

 

Fanny Clausse

 

 

[1] Wikipédia, « Enseigne lumineuse », consulté le 30 novembre 2020.

[2] Modélisation et évaluation environnementale de panneaux publicitaires numériques (en ligne), publié en septembre 2020 par l’ADEME < https://www.actu-environnement.com/media/pdf/news-36209-Etude-ademe-impact-ecrans-publicite.pdf> consulté le 30 novembre 2020.